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La Monnaie Papier en France. L’Histoire des Assignats (Articles)

 
La Monnaie Papier en France. L’Histoire des Assignats
Par Doug Casey - Casey Research
Article originellement publié le 31 juillet 2007
2911 mots - Temps de lecture : 7 - 11 minutes
 

 

 

 

 

Extrait des Archives

 

 

Je soupçonne 98 % des investisseurs, et peut-être même plus, de ne rien comprendre, ou si peu, à l'histoire de la monnaie.  Bien que personne ne puisse imaginer toutes les conséquences de la fin de l’hégémonie du dollar sur des marchés financiers désormais mondiaux et liés, il est possible de se préparer à ce qui arrive en se souvenant de l’un des multiples exemples du chemin des monnaies papier vers les oubliettes. Ces problèmes sont déjà survenus dans le passé, et nous tirons, où devrions tirer les leçons de l'histoire. Mais comme nous allons le voir, l'homme apprend peu et se souvient rarement de ses erreurs.

            

L'article suivant, de Shannara Johnson, rédactrice à International Speculator, examine les racines monétaires de la Révolution Française, et fournit par la même occasion un parallèle incontestable avec l'état actuel du dollar américain. Lisez-le et faites-le lire autour de vous.

 

 

Doug Casey

 

 

L'un des comptes-rendus les plus fascinants des effets catastrophiques du remplacement par de l'argent papier d'une devise basée sur l'or ou l'argent nous vient d’Andrew Dickson White (1832 – 1918), diplomate, auteur et éducateur ayant cofondé Cornell University.

 

 

Au début du XIXe siècle, White a commencé à rassembler et analyser des articles de journaux et des documents publiés pendant la Révolution Française, plus particulièrement ceux se rapportant aux problèmes du papier–monnaie sous la Révolution. En 1912, il a publié Fiat Money Inflation in France, un essai qui aujourd'hui n'a pas pris une ride.

 

En 1789, à la veille de la Révolution Française, le gouvernement français faisait face à de graves problèmes de surendettement et de déficit chronique. Un manque général de confiance de la part du monde des affaires avait conduit à la baisse des investissements, et l'économie stagnait.

 

“Des mesures dignes de véritables hommes politiques, une surveillance attentive et une gestion raisonnable auraient sans aucun doute mené rapidement à un retour de la confiance, à la réapparition de l'argent et la reprise des affaires, mais cela demandait de la patience et de l'abnégation, et jusque-là, dans l'histoire de l'humanité, ce sont les choses les plus rares de la sagesse politique. Peu de nations ont jamais été capables d'exercer ces vertus, et la France n'a pas fait exception », a écrit White. 

 

Au lieu de cela, à la manière habituelle des hommes politiques, l'Assemblée Nationale française a cherché un raccourci vers la prospérité, et des appels à l'introduction de papier-monnaie se firent bientôt entendre. Certains individus prudents, tel que le Ministre des Finances de l'époque, Jacques Necker, ont opposé d'insistantes mises en garde. Après tout, seulement 70 ans avant, le pays avait appris une rude leçon lorsque l'économiste écossais John Law avait présidé à un système de monnaie fiduciaire aux conséquences ruineuses.

  

Mais puisque « les pressions vers une devise populaire à usage universel devenaient de plus en plus fortes », Necker et ses sympathisants n'ont pas été écoutés. Le plan avait l’air sensé : le gouvernement confisquerait les terres de l'église française, qui à cette époque possédait entre un quart et un tiers de tout l’immobilier français, et émettrait un total de pas plus de 400 millions de livres en billets de 1000, 300 et200 livres, appelés assignats, échangeables contre une parcelle de terre. De plus, chaque billet portait un intérêt de 3 %, afin d'encourager ceux qui en possédaient à les garder.

 

 

L'influx d'argent neuf fournirait aux finances françaises « de quoi rembourser les dettes...satisfaire les besoins nationaux...stimuler les affaires…[et] donner à tous les capitalistes, petits ou gros, les moyens d'acheter à la nation l’immobilier de l'église ». Grâce aux recettes, le pays rembourserait ses dettes et obtiendrait de nouveaux financements pour les besoins nouveaux : une proposition en béton, du moins c'est ce qui semblait.

 

Au début, les résultats de l'émission des assignats prirent l'apparence d'un rêve devenu réalité, dit White : « les finances furent immédiatement grandement soulagées, une partie de la dette publique fut remboursée, les créditeurs furent encouragés, le crédit fut relancé, les dépenses courantes furent réglées…le commerce se développait et toutes les difficultés semblaient disparaître ».

  

Si les autorités s’étaient arrêtées là, suggère Wight, les effets auraient pu être réellement bénéfiques. Mais malheureusement, « cinq mois après l'émission des 400 millions d'assignats, le gouvernement les avait dépensés et se trouvait à nouveau dans une situation très difficile ».

  

À travers tout le pays, les gens se mirent immédiatement à réclamer une nouvelle émission de billets. Les détracteurs de la monnaie papier avertirent qu'il ne serait plus possible de s'arrêter une fois que la nation se serait engagée sur la pente savonneuse de l'inflation, mais les autres ignorèrent l’avertissement, en déclarant que «désormais le peuple était aux commandes et qu'il pouvait se faire rembourser leurs assignats quand il le désirerait, et qu'ils le ferait ».

  

C'est là que commence le troublant parallèle avec l'Amérique d'aujourd'hui.

 

En 1790, les partisans du papier-monnaie s'étaient persuadés que les espèces (les métaux précieux et les pièces) étaient une forme d'argent démodée... Après tout, qu'y avait-il de mieux que l'argent échangeable contre des terres dont la valeur ne ferait qu'augmenter ? Cela rappelle de sinistre mémoire le boum de l'immobilier américain et les prêts hypothécaires « subprime » qui avaient été facilement consentis.

 

Prenez le Comte de Mirabeau, l'un des plus grands démagogues et défenseurs du papier-monnaie, qui à l'époque avait prononcé son convaincant discours « Allons jusqu'au bout », en concluant « Nous devons terminer ce que nous avons commencé ».

 

Ou Pierre Paul Royer-Collard, rappelant de manière troublante Ben “HelicopterBernanke, lorsqu'il déclara à l'Assemblée Nationale, « si il faut créer 5 milliards, ou plus, de papier-monnaie, faisons-le ».

 

L’affaire était entendue, et la France commença à glisser vers l'inflation. Des appels de plus en plus insistants pour l'introduction de billets de petite dénomination se firent bientôt entendre. « La monnaie faible avait largement remplacé la monnaie forte », écrit White, « le papier-monnaie avait fait disparaître la petite monnaie de cuivre et d'argent, et toutes sortes de billets circulant sous le nom de ‘billets de confiance’ inondèrent la France. Rien qu'à Paris, il en circulait 63 sortes différentes. »

 

Tout fut tenté afin de fournir des pièces d'argent et de cuivre de petite dénomination et de les maintenir en circulation. Des lois furent votées afin de forcer les citoyens à envoyer leur argenterie et leurs bijoux pour en faire des pièces de monnaie. Les églises et les couvents furent obligés de donner la plus grande partie de leur argent et de leur or, et les cloches des églises furent fondues afin de fournir du cuivre pour battre de la monnaie. Malgré cela, l'argent et le cuivre se faisaient de plus en plus rares, si bien qu'à la fin le gouvernement abandonna et imprima des billets de plus faible valeur, à commencer par des billets de 5 francs jusqu'à des billets de 1 sou.

 

Lorsque la pression inflationniste monta, écrit White, « une vieille doctrine de mauvais augure émergea, selon laquelle toute devise, qu'elle soit d’or, de papier, de cuir ou de n'importe quel autre matériau, tire son efficacité du cachet qu'elle porte, et par conséquent, un gouvernement peut se soulager de ses dettes et se rendre riche et prospérer simplement au moyen d'une presse à billets : fondamentalement, c’était la théorie à la base de la doctrine américaine plus tardive de la ‘monnaie fiduciaire’. »

  

Et exactement comme les Américains d'aujourd'hui, qui dépensent sans problème l'argent qu’ils n'ont pas encore gagné, « les Français devinrent des optimistes acharnés, déclarant que l'inflation était synonyme de prospérité... Le pays s'enivrait de papier-monnaie. Ils ressentaient le bien-être d’un ivrogne après un verre, et comme les émissions de papier-monnaie devinrent de plus en plus fréquentes, les périodes successives de bien-être devinrent plus courtes. »

 

Cependant, de plus en plus de signes du cataclysme à venir commencèrent à apparaître. Bien que la quantité de papier-monnaie avait augmenté, la prospérité avait décliné. Les affaires se mirent à stagner, et les usines se mirent à licencier les ouvriers. Dans une ville, 5000 ouvriers furent licenciés de plusieurs usines textiles, mais les gens ne reconnaissaient toujours pas la vraie cause. L’exportation était trop bon marché, disaient-ils, et des tarifs élevés étaient appliqués sur les marchandises importées.

  

Un effondrement dans les secteurs de la manufacture et du commerce était inévitable, dit White, « de la même manière que cela arriva à différentes périodes en [France], en Autriche, en Russie, en Amérique, et dans tous les pays qui ont essayé de construire la prospérité sur du papier irremboursable. »

 

Face à la perspective d'une dévaluation continue du papier-monnaie, le public commença à considérer l'économie et la prudence ridicules, et les Français naturellement économes devinrent une nation de gloutons et de risque-tout. Les gens commencèrent à jeter leur argent au petit bonheur la chance dans la bourse, et « il monta dans l'ensemble du pays une aversion à l'égard du travail et un mépris pour les revenus modérés et le train de vie simple. »

  

La tumeur, telle que l’appelle White, s'étendit au cercle des affaires, du journalisme de la politique ; l’indulgence fut suivie d'une corruption croissant « aussi naturellement que la moisissure sur un tas d'ordures ».

  

Une première perversion économique engendra la suivante. Mirabeau, en déclarant que le patriotisme et l'individualisme constructif maintiendraient la valeur du papier-monnaie, ne pouvait se tromper davantage. En réalité, il s'avéra qu’un très grand nombre de gens endettés, composé essentiellement de ceux qui avait acheté les terres de l'église au gouvernement avait tout intérêt à ce que la devise soit dévaluée. Puisque seuls de petits acomptes étaient requis, et que le solde devait être payé en versement différés, les gens qui achetaient des terres espéraient qu’une monnaie dévaluée diminuerait leurs dettes.

  

“En peu de temps, cette classe de gens endettés devint un groupe puissant s'étendant à tous les rangs de la société… Ils faisaient tous pression pour obtenir de nouvelles émissions de papier-monnaie... Ils étaient apparemment capables de montrer au peuple que la seule chance de prospérité nationale résidait dans de nouvelles émissions de papier-monnaie…[comme] chaque émission de papier-monnaie aggravait la situation, les gens furent gagnés par la superstition qui stipulait que si assez de papier-monnaie était émis et qu’il était géré plus habilement, les pauvres deviendraient riches. Dorénavant, toute opposition était inutile. »

 

En décembre 1791, une nouvelle émission fut décrétée, et dilua la valeur du billet de100 livres (dont la valeur avait déjà chuté à 80 livres) à 68 livres. Alors que la valeur de l'argent chutait, le discours officiel prit une tournure encore plus résolument optimiste. Les journaux, les discours politiques et les tracts soutenaient qu’ « une monnaie dévaluée est un bienfait, que l'or et l'argent sont des étalons de mesure de valeur peu satisfaisants...que le commerce avec d'autres nations peut être un fléau, et qu'un obstacle à ce fléau peut être un bienfait...que les lois de l'économie politique, bien qu'applicables à d'autres époques, ne le sont pas aujourd'hui en France ; que les règles ordinaires de l'économie politique conviennent peut-être aux sous-fifres du despotisme mais pas aux Français libres et éclairés de cette fin du XVIIIe siècle », et ainsi de suite.

 

En mars 1792, après la cinquième émission de 300 millions de livres de papier-monnaie, le gouvernement décida que les paiements à tous les créanciers publics de toute somme au-dessus de 10 000 Francs seraient suspendus. Cela fut accueilli comme une aubaine par les classes pauvres, mais les résultats furent contraires aux espérances. Les capitalistes commencèrent à retirer discrètement leur argent des classes ouvrières et à le bloquer « de toute les manières que l'ingéniosité financière pouvait imaginer. Ce qui sauva des milliers d'ouvriers...de la famine fut qu’ils furent envoyés à l’armée puis se firent tuer sur des champs de bataille étrangers. » 

 

Grâce à des sources de l'époque, nous savons que le prix de la farine passa de 2 francs en 1790 à 225 en 1795, et qu'une paire de chaussures passa de 5 francs à 200.

 

Alors que les prix de tous les produits avaient énormément augmenté, les salaires des classes laborieuses stagnaient. Les émissions de papier-monnaie se succédèrent, jusqu'à ce que la quantité d'argent en circulation atteigne 3 milliards de francs en 1793...et ce n'était pas encore fini. L’agitation monta au sein de la population, et de plus en plus de gens issus des classes ouvrières exigèrent la peine capitale pour l'uniformisation des prix ainsi qu'un impôt de 400 millions de francs sur le pain des riches.

 

Le 28 février 1793, une foule d'hommes et de femmes déguisés se mit à piller 200 magasins dans Paris, se saisissant de tout ce qu'ils pouvaient. L'ordre ne pût être rétabli qu'en donnant 7 millions de francs à la foule.

  

Choqué, le gouvernement français mit en place de nouvelles mesures afin de récolter de l'argent, dont le Prêt Forcé, un impôt prélevé sur toute personne ayant un revenu de plus de 1000 Francs. L'impôt était fixé à 10 % pour toute personne gagnant moins de 1000 Francs et à 50 % pour toute personne gagnant plus de 9 000 Francs.

 

Une autre mesure d'urgence, la Loi du Maximum, consistait en quatre règles qui étaient supposées, une fois encore, aider la classe ouvrière. «  Premièrement, le prix de chaque produit de première nécessité devait être fixé à un tiers au-dessus de son prix en 1790. Deuxièmement, le coût du transport des marchandises devait être ajouté à un taux fixe par catégorie. Troisièmement, 5 % devaient être ajoutés au profit du grossiste. Quatrièmement, 10 % étaient ajoutés au profit du détaillant. »

  

Le premier effet de cette loi fut que les commerçants firent tout ce qui fut dans leurs moyens pour échapper au prix fixe. Les fermiers, par exemple, vendaient aussi peu que possible ; les approvisionnements se firent rares, par conséquent les citadins se virent imposer un rationnement et ne pouvaient acheter qu'une quantité limitée de produits. Les produits étrangers, dont les prix étaient bien plus élevés que le plafond qui était fixé, ne pouvaient pas être vendus légalement par les marchands, et nombre d'entre eux durent fermer. D'autres finirent sur la guillotine pour avoir violé la Loi du Maximum.

 

« Afin de découvrir les marchandises cachées par les fermiers et les commerçants, un système d'espionnage fut mis en place, consistant pour l'informateur d'une récompense d'un tiers de la valeur des produits découverts. Afin de répandre la terreur, le tribunal criminel de Strasbourg ordonna la destruction du domicile de quiconque serait coupable de la vente de produits au-dessus du prix fixé par la loi…[Si un fermier] tentait de garder ses récoltes ou son bétail, en prétextant qu'il ne pouvait pas se permettre de les vendre au prix fixé par la loi, ceux-ci lui étaient souvent pris de force et le fermier pouvait s'estimer heureux s'il était payé, même avec cette monnaie fiduciaire dévaluée, et encore plus heureux s'il s'en tirait avec la vie sauve. »

 

Lors d'une transaction, la discrimination entre la monnaie papier et les espèces devint un crime punissable de mort, tout comme la vente de pièces d'or ou d'argent. Au plus fort de cette folie, en 1794, la Convention décréta que « la peine de mort devrait être infligée à quiconque serait convaincu ‘d’avoir demandé, avant qu'une affaire soit conclue, avec quelle monnaie serait effectué le paiement’ ». Tout commerce utilisant les métaux précieux fut supprimé, jusqu'à ce que la Loi du Maximum soit abolie un an plus tard.

  

Le cauchemar de la monnaie prit fin le 18 février 1796, lorsque sous le nouveau gouvernement, les machines, les planches et le papier utilisé pour l'impression des assignats furent démolis et brûlés sur la place Vendôme à Paris. Des calculs montrèrent que la quantité totale de papier-monnaie existant s’élevait à 40 milliards de francs. En comparaison, la valeur d'un louis d'or était passée de 920 francs papier en août 1795 à 15 000 moins d'un an après. Une pièce d'or de 1 franc valait 600 Francs papier.

 

Bien que les assignats aient fait du tort aux riches, ils s’étaient révélés une véritable catastrophe pour la classe ouvrière. Selon l'historien Heinrich Von Sybel, « les financiers et les gens très aisés furent assez astucieux pour mettre autant que possible de leurs richesses dans des objets à valeur permanente. La classe ouvrière ne voyait pas aussi loin, ou n'en avait pas l'astuce ou les moyens. Après le premier effondrement, vinrent les premiers cris de famine. Les routes et les ponts furent négligés, et de nombreuses manufactures furent abandonnées dans le désarroi le plus total. »

  

Tout cela est incroyable, mais c'est aussi une grande leçon pour nous. En interprétant et en comparant les signes - la stagnation des revenus réels, l'euphorie déchaînée du public causée par l'économie déjà chancelante, les mêmes discours encourageants presque mot pour mot traversant les siècles - nous pouvons en conclure que nous sommes peut-être plus proches du point de non-retour que nous le pensons.

 

Et ne commettez pas l'erreur de penser que ces hommes politiques français étaient des idiots, avertit Andrew Dickson White. « Les hommes qui étaient chargés des finances de la France durant le règne de la Terreur, et qui ont pratiqué ces expériences qui nous paraissent si monstrueuses…étaient reconnus comme faisant partie des financiers les plus doués et les plus honnêtes d'Europe… Ce qui montre l'impuissance des maîtres de la finance les plus doués à endiguer la vague calamiteuse de la monnaie fiduciaire une fois lancée, ainsi que l'inutilité de tout ce qu'ils peuvent imaginer contre les lois de la nature. »

 

 

             

Doug Casey
CaseyResearch.com



Doug Casey

 
Doug Casey est l’auteur de quatre livres financiers, le plus connu d’entre eux étant Crisis Investing, qui est resté sur la liste des Best Sellers du New York Times pendant 29 semaines. Il a voyagé dans plus de 140 pays et il analyse dans sa lettre mensuelle The International Speculator les opportunités d’investissement qu’il découvre, que ce soit dans l’immobilier, les actions ou les matières premières.