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Prix Nobel de la Paix : De Mère Térésa à Van Rompuy, il n’y a qu’un pas ! (Union Européenne/Banque Européenne)

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lPrix Nobel de la Paix : De Mère Térésa à Van Rompuy, il n’y a qu’un pas !

De Mère Térésa – élue Prix Nobel de la Paix en 1979 – à l’Union Européenne, il n’y a désormais qu’un pas ! En pleine crise socio-économique, et après une intervention militaire plus que discutable de plusieurs de ses membres en Libye, l’Union Européenne se voit en effet attribuer le Prix Nobel de la Paix à Oslo. Alors que la presse traditionnelle salue à la quasi-unanimité cette décision, insistant notamment sur le rôle unificateur et pacificateur de l’Europe après la seconde guerre mondiale [1], il semble important de rappeler certains faits plus récents et moins glorieux imputables à l’Union Européenne. Cela donnera l’occasion aux citoyens de jeter un regard plus critique – chose que les journalistes mainstream ne semblent plus faire – sur cette récompense contestée par certains, n’en déplaisent à nos médias.

Selon le président du comité Nobel norvégien Thorbjoern Jagland, "l’UE et ses ancêtres contribuent depuis plus de six décennies à promouvoir la paix, la réconciliation, la démocratie et les Droits de l’Homme en Europe" (sic). En vue de contrebalancer une pensée officielle plutôt europhile, attardons nous sur la réalité effective de ces différents paramètres, qui ont motivé l’élection du Prix Nobel de la Paix 2012.

 

1. La paix, la démocratie et les Droits de l’Homme en territoire européen : une spécialité "bien de chez nous" ?

Paradoxalement, ce Prix Nobel tombe donc en pleine crise économique, dont la Grèce, l’Espagne ou encore l’Italie sont les exemples les plus criants. Or, les mesures néo-libérales décidées par l’Europe depuis des années, ainsi que les plans de redressement économique (comprenez "mesures d’austérité") adoptés par les pays membres de l’Union Européenne ressemblent plus à l’une de ses causes qu’à sa solution.

Cet argument, qualifié par les médias d’"eurosceptique", fut récemment balayé d’un revers de la main par le présentateur du JT de France 2, Laurent Delahousse, qui affirma que "c’est bel et bien le Prix Nobel de la Paix que (...) l’Union Européenne a obtenu et non pas le Prix Nobel d’ Economie.", ce que vint confirmer François Lenglet, l’"expert" en économie de France 2 [2]. Certes. Il n’empêche que si l’on regarde la situation grecque ou espagnole, un lien difficilement niable semble exister entre la mauvaise situation économique d’un Etat et une crise sociale qui en découle, générant à son tour une révolte populaire et de nombreuses manifestations qui troublent ainsi la paix de ce même Etat. Pour s’en convaincre, il suffira de se souvenir de l’accueil brûlant que les grecs réservèrent à Angela Merkel lors de sa récente visite à Athènes...

Ce Prix Nobel avait également à cœur de saluer la constante démocratique existant en Europe, ce qui est à nuancer... Outre le fait que certains acteurs politiques et citoyens considèrent l’UE comme intrinsèquement antidémocratique car faisant perdre sa souveraineté aux nations qui la composent (laissons à chacun le soin de se faire une opinion...), des "contournements" à la démocratie eurent lieu dans l’histoire européenne lorsque les résultats d’une consultation populaire ne plaisaient pas à nos élites.

Ainsi, il est utile de rappeler le cas des référendums "pour ou contre le Traité européen de 2004". Pour contextualiser rapidement, un "Traité établissant une constitution pour l’Europe" (aussi appelé "Traité de Rome de 2004") avait été établi par l’UE. La loi prévoyait que si un seul des vingt-sept pays membres ne ratifiait pas celui-ci, le traité ne pourrait être mis en vigueur. Il y eu donc une consultation populaire dans les pays européens sous la forme de référendums.

C’est ainsi que le 29 mai 2005, 54,68% des électeurs français (sur un taux de participation de 69,34%) ont dit "non" à ce traité. Celui-ci sera rebaptisé en 2007 "Traité de Lisbonne". Mis à part le nom, il reprendra en fait tous les articles du précédent traité, et sera ratifié sans aucune consultation populaire. Le résultat du vote avait donc été purement et simplement ignoré, de même que l’avis de la majorité du peuple français. Deux jours plus tard, le 1er juin 2005, aux Pays-Bas, la même manœuvre fut effectuée de manière encore plus flagrante, les résultats pour le "non" au Traité ayant été écrasant (61,54% sur un taux de participation de 63,30%). Notons que tous les partis néerlandais s’étaient engagés à suivre le résultat du vote populaire si la participation était d’au moins 30% et le résultat d’au moins 60% ; promesse qui sera évidemment bafouée quelques années plus tard par la ratification du même Traité de Lisbonne...

 

2. Une promotion bien maladroite de la démocratie droit-de-l’hommiste dans le monde...

Comme nous l’avons vu, la démocratie en Europe semble aller à deux vitesses ; elle est grosso modo respectée, mais quand un vote trop important rentre en conflit avec les intérêts de nos dirigeants, il arrive que celui-ci soit contourné par différents moyens relevant de la malhonnêteté intellectuelle. Mais cette promotion – que l’on imagine sincère... – des Droits de l’Homme et de la démocratie, récompensée à Oslo par Thorbjoern Jagland, semble encore bien plus maladroite lorsqu’elle s’exporte à l’extérieur des frontières européennes (en Libye, Irak, Afghanistan etc...) !

Bien que l’UE elle-même ne décide généralement pas directement d’interventions militaires, elle le fait la plupart du temps sous couvert de l’OTAN. En effet, même si les deux institutions ne sont en théorie pas liées, force est de reconnaitre que l’adoption progressive d’une "Politique Commune de Sécurité et de Défense" (promue par l’article 42 du "Traité sur l’Union Européenne") se fait en s'alignant sur les objectifs de l’OTAN. Cela s’explique logiquement par le rapport de force entre les Etats membres de l’UE : 21 pays (dont les plus puissants) sur 27 sont membres de l’OTAN !

L’exemple le plus récent de cette faillite de l’UE à exporter pacifiquement la démocratie a été l’intervention de certains pays membres (notamment le Royaume-Uni, la France et la Belgique) en Libye en 2011. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies ayant voté une résolution pour protéger les civils lors du conflit, certains pays européens se lancèrent dans l’aventure. Cependant, cette résolution, certes louable en théorie, vira rapidement à une intervention illégale : bombardements de l’OTAN, déploiement de soldats sur le territoire, armement des rebelles (parmi lesquels la section libyenne d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique, que l’on ne tardera pas à retrouver dans des conflits au Mali et en Syrie), renversement du régime etc. Cette intervention officiellement pro-démocratie de l’OTAN, secondée par de grandes puissances de l’UE que sont la France et le Royaume-Uni, fut tellement une réussite qu’à peine libérée de la charia, la Libye annonça la mise en place de... la charia !

D’autres faits attestent du caractère va-t-en-guerre des pays européens. Par exemple, de nombreux pays comme le Royaume-Uni ou la Pologne, secondèrent l’attaque impérialiste des USA contre l’Irak en y envoyant des soldats. Une ingérence sous le sigle même de l’UE se mit également en place via la mission "EUJUST LEX" en vue de former du personnel local judiciaire et pénitentiaire. Belle réussite. Le même scénario de soutien à l’impérialisme américain eu lieu en Afghanistan puisque la Belgique, la France et le Royaume-Uni dépêchèrent de nombreuses troupes sur place. Cette nouvelle réussite démocratique de l’UE et de ses membres résultat, entre autres, sur le grand acquis social qu’est la légitimation du viol conjugal et de la pédophilie par le président afghan Hamid Karzai [3].

Les cas, entre autres, de l’ex-Yougoslavie, ou du soutien à l’occupation israélienne pourraient également être abordés ici ; cependant, les exemples ci-dessus suffisent à déconstruire le mythe d’une Europe soucieuse d’apporter la démocratie dans le monde.

 

3. Quelle attitude face aux tensions actuelles et aux éventuels conflits de demain ?

Au vu de la situation diplomatique actuelle pour le moins explosive entre Israël et l’Iran, il est intéressant d’analyser la position de l’UE et de ses membres sur la question. La paix étant en effet quelque chose qui se prépare, et l’UE étant censé représenter celle-ci, voyons si notre nouveau Prix Nobel s’attelle à apaiser les tensions...

Pour ceux qui douteraient encore du sérieux de la question, il est utile de rappeler que d’hypothétiques frappes militaires du gouvernement de Tel-Aviv vers Téhéran pourraient rapidement dégénérer en conflit global ; nous assisterions ainsi certainement à une riposte de l’Iran, probablement appuyée par le Hezbollah libanais. L’importance du maintien d’Israël en tant que gardien des intérêts américains dans la région pourrait vraisemblablement provoquer une véritable fuite en avant, avec une intervention des Etats-Unis et de leurs alliés européens et arabes (Arabie Saoudite, Qatar...) d’un côté, et – entre autres – de la Chine et de la Russie, partenaires économiques favorisés du régime iranien, de l’autre.

Lorsqu’on se penche sur le positionnement de l’UE et de la plupart des dirigeants des pays qui la composent, on constate un alignement quasi-unanime sur la position américaine, c’est-à-dire une certaine hostilité envers l’Iran, même si celle-ci reste inférieure à l’agressivité de Netanyahou. Cette position s’exprime par des sanctions économiques de l’UE envers un Iran dont tout le monde prétend – mais personne ne prouve – qu’il développe secrètement l’arme atomique. On durcit donc le ton vis-à-vis d’ Ahmadinejad tout en ne tentant pas particulièrement de dissuader Israël de ses ambitions guerrières. Les dirigeants européens n’hésitent pas non plus à répéter le médiamensonge selon lequel le président iranien aurait déclaré vouloir "rayer Israël de la carte", se faisant ainsi les idiots utiles des fauteurs de guerre anti-iraniens. Pour finir, l’UE tente de pousser à une intervention armée en Syrie (qui reste bloquée par le veto russo-chinois) qui pourrait facilement embraser un Proche-Orient convoité de toute part en raison de ses ressources pétrolières (l’Iran étant l’un des principaux alliés de Bachar el-Assad).

En bref, à l’instar des américains, la position européenne vis-à-vis des déclarations offensives de Netanyahou semble assez passive, et bien peu soucieuse de sa responsabilité en tant que gardienne d’une paix mondiale.

Si cette récompense de l’UE est donc pour le moins contestable au vu des faits, l’on est en droit de se demander ce qui a motivé celle-ci. Plusieurs hypothèses sont ici plausibles. Premièrement, il est important de signaler que le président du comité Nobel norvégien, Thorbjoern Jagland, est un européiste convaincu. On pourrait donc y voir une volonté du clan pro-Europe norvégien de préparer l’opinion publique à une éventuelle adhésion à l’UE. Plus globalement, on peut se demander aussi si il n’y a pas là une tentative de faire avaler à l’opinion publique une propagande d’une Europe répandant la paix et la démocratie, afin de masquer l’image moins vendeuse d’une Europe va-t-en-guerre imposant l’austérité à son peuple. Cela semble d’autant plus vrai à l’heure de la ratification d’un Traité budgétaire européen toujours plus libéral et de la mise en place d’un Mécanisme Européen de Stabilité qualifié par certains commentateurs politiques de "FMI de l’Europe". [4]

Quels que soient les véritables motifs, une chose est sûre ; l’élection de personnalités excessivement pacifiques telles que Henry Kissinger en 1973, Barack Obama en 2008 (sic) et, cerise sur le gâteau, l’Union Européenne en 2012 peut nous pousser à nous poser quelques questions sur l’objectivité et le sérieux dont fait preuve cette institution.

 

[1] L’Union Européenne en tant que telle n’a vu le jour, rappelons le, qu’en 1992 avec le Traité de Maastricht.

[2] Laurent Delahousse, dans le JT de 20h de France 2, le 12/10/2012.

[3] Voir l’intervention de Michel Collon dans "Ce soir ou jamais" du 22-05-2012.

[4] http://www.youtube.com/watch?v=2w43... 

 


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