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ublié le 23/09/2012 à 06h00 | Mise à jour : 23/09/2012 à 15h25 Par Recueillis par Yann Saint-Sernin |
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Marie-Monique Robin, auteur du « Monde selon Monsanto », défend la démarche de l'étude sur les OGM
Journaliste d'investigation, Marie-Monique Robin a notamment publié « Le Monde selon Monsanto » (Arte/La Découverte) et « Notre poison quotidien » (idem). Son film « Les moissons du futur » sera diffusé le 16 octobre sur Arte.
« Sud Ouest Dimanche ». Vous avez beaucoup travaillé sur Monsanto, les OGM et l'agroalimentaire en général. Que vous inspire l'étude qui vient d'être publiée ?
Marie-Monique Robin. C'est très important, car c'est seulement la deuxième analyse longue effectuée sur les OGM. La première avait dû être arrêtée. La chercheuse qui la menait avait pourtant décelé des problèmes, notamment sur le foie et les reins. Monsanto clame qu'il y a eu plus de 300 études, c'est archifaux ! Toutes les autres s'étaient arrêtées à trois mois, ce qui est insuffisant pour mesurer la toxicité. On voit bien que les effets apparaissent après trois mois et, comme par hasard, toutes les études financées par la multinationale s'arrêtaient avant.
Comment les pouvoirs publics ont-ils pu se contenter d'études à si court terme et, qui plus est, produites par le fabricant ?
Revenons aux origines. Dans les années 1980, le premier soja résistant au Round Up est mis au point. Monsanto sait qu'il y aura des problèmes et veut donc un texte réglementant les OGM. Il a cherché à obtenir de la Food and Drug Administration (FDA) un texte affirmant le principe d'équivalence en substance. Et il l'a obtenu. C'est un ancien de Monsanto passé à la FDA qui l'a rédigé, avant de revenir dans l'entreprise. En d'autres termes, le soja transgénique équivalait à un soja conventionnel. L'Union européenne a repris ce texte. Et puisque les substances sont équivalentes, aucun besoin d'entreprendre des études de toxicité. Voilà ce que se sont vu opposer les chercheurs soucieux du bien public qui ont demandé des crédits pour mener des expériences plus longues.
On peut s'étonner de voir Auchan et Carrefour parmi les financeurs de cette étude…
Je pense qu' elles ont très peur de voir ressurgir un scandale comme celui de la vache folle et veulent se prémunir. À ma connaissance, ils n'ont aucun intérêt à vouloir faire interdire les OGM.
Une partie de la communauté scientifique affiche son scepticisme…
Pour l'instant, je vois Marcel Kunz, qui a été décrié pour ses liens avec Monsanto, et Gérard Pascal, un ancien de l'Inra. J'ai un document dans lequel une cellule secrète de Monsanto se félicite d'avoir approché un certain nombre de chercheurs pour défendre sa cause. Ce chercheur est cité avec d'autres Français. Je ne suis pas en mesure de juger le contenu de l'étude du professeur Séralini, mais il passe pour quelqu'un de sérieux qui, à mon avis, va maintenant avoir les pires ennuis. Je suis abasourdie par les arguments avancés : parler de la race de rats utilisée pour discréditer son travail, c'est fallacieux. C'est la race utilisée pour toutes les études, même celles de Monsanto. Peu importe qu'elle développe facilement des tumeurs, ce qui compte c'est le différentiel entre le groupe testé et le groupe témoin.
Les pouvoirs publics sont clairement défaillants ?
Quand vous commencez à enquêter sur ces sujets, c'est tellement énorme que vous avez l'impression de nager en pleine parano. J'ai décortiqué le système Monsanto, preuves à l'appui, je n'ai jamais été attaquée. Il y a des choses simples à faire : revoir les systèmes d'évaluation, fixer des règles de transparence, faire que les multinationales financent des études confiées à des laboratoires indépendants, les obliger à rendre publiques les données de leurs études. On pourrait faire le ménage assez vite, mais personne n'ose se confronter aux lobbys.
peut être qu'ils sont mieux placés que vous et moi pour conseiller
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